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Mes regards - et ceux des autres - sur le monde d'aujourd'hui et de demain. Chroniques axées sur les mouvements de société, j'y décrypte des clichés et des actualités, mais aussi la culture...

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Par Clémence Bouquerod
24 mai · 2 mn à lire
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Entre « Transphobie » et « Femellisme », qui sont les TERFs et pourquoi on les déteste ?

Ou comment des soi-disants féministes perpétuent beaucoup de haine et excluent une partie de la population.

© Clémence Bouquerod© Clémence Bouquerod

Ces dernières semaines, entre la vague raciste autour du nouveau film Disney La Petite Sirène, le cyber-harcèlement que reçoit l’influenceuse-chanteuse Sindy après avoir témoigné d’un viol et les TERFS qui veulent appeler les femmes « femelles », j’ai déjà hésité à déserter les réseaux sociaux plusieurs fois. À la place – et parce que sans Twitter, je n’aurais plus de métier –, j’ai décidé d’écrire (de l’ouvrir ?) sur l’un de ces sujets. Je vous ai demandé votre avis sur Instagram et roulements de tambours pour ce premier (vrai) article de Regards, on commence fort avec un sujet qui me tient à cœur : les TERFs… Qui font trop parler d’elles depuis cet été et le bad buzz autour du planning familial. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, revenons quelque peu en arrière. Les TERFs, c’est qui...et pourquoi on les déteste ?

TERF(s), néologisme, n. et adj.

étymologie : Acronyme de « Trans-exclusionary radical feminist », soit « féministe radicale excluant les personnes transgenres » en français.

  1. Militantes féministes qui excluent les femmes trans des luttes féministes et des espaces féminins.

  2. Personne qui considère les femmes trans comme des hommes, par essentialisme.

Si le terme se voulait neutre lors de sa création en 2008, il est aujourd’hui (et à juste raison) teinté d’une connotation péjorative. Et pour cause : faire la distinction entre des femmes et minorités de genre, peu importe la raison, n’est, par définition, pas féministe [ndlr, pour rappel, le féminisme est une doctrine fondée sur l’égalité des genres]. Dans une volonté de lutte intersectionnelle, liant ainsi la cause LGBTQIA+ au féminisme (et à de nombreuses autres sujets, on en parlera prochainement), c’est d’autant plus incohérent. Sans même parler, tout simplement, de la gravité de rejeter ou de discriminer une personne simplement parce qu’elle est transgenre – appelé aussi « transphobie ».

© Ehimetalor Akhere Unuabona© Ehimetalor Akhere Unuabona

De la transphobie au « femellisme »

Revenons-en à nos moutons… et à l’actualité. Tout commence le 17 août, alors que Laurier The Fox, illustrateur, dévoile une affiche pour une nouvelle campagne de communication nationale du Planning Familial. Sur celle-ci, on peut voir un homme enceint et un texte : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints. »

© Laurier The Fox© Laurier The Fox

Le même jour déferle sur tous les réseaux sociaux une haine sans nom venant de l’extrême droite et… des TERFs. Selon ces soi-disant féministes (ça m’écorche même de les qualifier ainsi), et notamment Dora Moutot, connue pour son compte @tasjoui et ses prises de positions transphobes, « une femme est une femelle adulte humaine » et cette affiche mettrait « gravement en danger les femmes. » Depuis, elle a été invitée à l’Assemblée, a écrit des lettres ouvertes, été entendue à la radio, a publié sur tous ses réseaux sociaux… Trop de supports sur lesquels elle a pu déverser sa cruauté face aux personnes trans et aux minorités de genre. Et elle n’était pas la seule, toujours accompagnée de sa fidèle acolyte TERF Marguerite Sterne et de l’extrême droite française. À elles deux, pour nier la transidentité, elles veulent renommer le « féminisme » en « femellisme », statuant que les femmes cisgenres sont des « femelles ». La violence et le ridicule d’un tel terme est telle que j’en ris jaune.

Le 22 août, Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a publiquement apporté son soutien à l’association féministe. Et, heureusement, les militant·es LGBTQIA+ et féministes intersectionnel·les ont répondu. Mais aujourd’hui, la haine se déverse toujours. Face à tant d’intolérance et de violence, il me fallait écrire. Pour expliquer à celleux qui ne savaient pas ou ne connaissaient pas ce terme, en parler… Du moins, tenter d’agir, à ma façon. Dire qu’il est temps que ça s’arrête, temps qu’on punisse les LGBTQIA+phobies et la mysoginie, pour de vrai.

Ressources, pour mieux comprendre et en savoir plus :

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